L’été sera chaud !

Un bel été bien chaud, rien de mieux pour faire bien mûrir les raisins et se retrouver en pleine forme pour les vendanges non ?

Et bien attention car il s’en passe des choses : la nouaison (formation initiale du fruit), la véraison (mûrissement du raisin), puis parfois de l’effeuillage et des vendanges en vert en fonction des conditions, sont autant d’étapes capitales qui jalonnent l’été dans le vignoble.

A cela s’ajoutent les conditions climatiques de l’été, avec leurs lots d’aléas qui vont en grande partie déterminer les qualités du millésime. Au-delà des traditionnelles maladies, orages de grêle, vents violents, un phénomène devient de plus en plus préoccupant : la sécheresse.

L’impact de la sécheresse sur la vigne

La vigne est une plante qui en temps normal supporte la sécheresse. Lorsqu’elle est bien soignée et que ses sols sont en bonne santé, ses racines sont capables d’aller capter l’eau contenu en profondeur dans les sols….du moins lorsqu’il en reste.

De la chaleur en été et peu d’eau, cela est en quelque sorte plutôt logique ? Oui d’une certaine façon mais les problèmes de sécheresses sont notamment provoqués par l’enchaînement de printemps secs comme c’est notamment le cas cette année (par exemple en Savoie cela fait maintenant 3 mois que l’on dénombre aucune précipitation).

Ce manque d’eau (que l’on appelle scientifiquement stress hydrique)  va notamment perturber la maturité des raisins en concentrant à outrance les sucres. Le résultat : peu de jus et des vins manquant d’équilibre (des degrés alcooliques élevés, peu d’acidité) etc.

Exemple de vignes brûlées par la sécheresse en AOC Fitou (vinibee.com)

Effet millésime ou problématique durable ?

Même s’il existe encore des années dîtes froides, l’impact du réchauffement climatique se fait fortement ressentir dans le vignoble. On le perçoit d’ailleurs facilement par l’augmentation des degrés alcooliques des vins, ainsi que par l’évolution du vignoble (on plante aujourd’hui de la vigne en Bretagne et Normandie par exemple).

 Sébastien Lacombre

Bien qu’il soit aujourd’hui acquis que ce changement va s’inscrire dans le temps, intéressons-nous aux solutions qui peuvent donc exister pour s’adapter aux phénomènes de sécheresse.

Des solutions structurantes, à effet long terme :

  • Recomposer les vignobles en changeant le matériel végétal (cépages, porte greffe, etc). Par exemple, des choix s’orientent vers des cépages produisant moins de sucres et plus d’acidité, c’est d’ailleurs pour cela que d’anciennes variétés sont plantées.
  • Considérer que la vigne n’a peut-être plus sa place sur certains terroirs ! ex. du domaine Champ des sœurs à Fitou qui a remplacé des parcelles de vigne par de l’Aloé Véra.
  • L’agroforesterie : mise en place d’arbres et d’arbustes pour créer des microclimats sur les parcelles.

Aussi, des solutions plus rapides peuvent être mises en place :

  • Mieux gérer l’eau par la mise en place de zones naturelles spécifiques pour limiter le ruissellement des eaux pluviales
  • Le réaménagement de parcelles subissant érosion et ruissellement
  • La mise en place de couvert végétal permettant de capter l’eau

La bonne pratique d’Olivier DAUGA

L’exemple du Château Marzin à Cézac / AOC Blaye côtes de Bordeaux

“Bordeaux, au même titre que les vignobles du sud de la France connaît des phénomènes de plus en plus fréquents de fortes chaleurs. Avec des cépages adaptés à un climat océanique, il devient compliqué de conserver de la fraîcheur dans les vins et des degrés alcooliques raisonnables. Au Château Marzin, nous avons planté des haies sur l’ensemble du vignoble notamment pour mieux organiser le cycle de l’eau, puis nous nous sommes aussi concentrés sur la protection d’une mare, témoin de la bonne santé hydrique du vignoble etc. L’objectif étant d’apporter de la fraîcheur au vignoble, que nous retrouverons plus tard dans les vins”